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entra et vint à lui avec une grâce affable. Comme le Porpora la saluait avec le plus grand respect, et l’appelait Princesse, Consuelo la prit pour la margrave, et, selon l’usage, lui baisa la main. Cette main froide et décolorée pressa celle de la jeune fille avec une cordialité qu’on rencontre rarement chez les grands, et qui gagna tout de suite l’affection de Consuelo. La princesse paraissait âgée d’environ trente ans, sa taille était élégante sans être correcte ; on pouvait même y remarquer certaines déviations qui semblaient le résultat de grandes souffrances physiques. Son visage était admirable, mais d’une pâleur effrayante, et l’expression d’une profonde douleur l’avait prématurément flétri et ravagé. La toilette était exquise, mais simple, et décente jusqu’à la sévérité. Un air de bonté, de tristesse et de modestie craintive était répandu dans toute cette belle personne, et le son de sa voix avait quelque chose d’humble et d’attendrissant dont Consuelo se sentit pénétrée. Avant que cette dernière eût le temps de comprendre que ce n’était point là la margrave, la véritable margrave parut. Elle avait alors plus de la cinquantaine, et si le portrait qu’on a lu en tête de ce chapitre, et qui avait été fait dix ans auparavant, était alors un peu chargé, il ne l’était certainement plus au moment où Consuelo la vit. Il fallait même de l’obligeance pour s’apercevoir que la comtesse Hoditz avait été une des beautés de l’Allemagne, quoiqu’elle fût peinte et parée avec une recherche de coquetterie fort savante. L’embonpoint de l’âge mûr avait envahi des formes sur lesquelles la margrave persistait à se faire d’étranges illusions ; car ses épaules et sa poitrine nues affrontaient les regards avec un orgueil que la statuaire antique peut seule afficher. Elle était coiffée de fleurs, de diamants et de plumes comme une jeune femme, et sa robe ruisselait de pierreries.