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nez, qui la défigurait beaucoup, ayant été gelé, ce qui lui donnait une couleur de betterave fort désagréable ; ses yeux, accoutumés à donner la loi, étaient grands, bien fendus et bruns ; mais si abattus, que leur vivacité en était beaucoup diminuée ; à défaut de sourcils naturels, elle en portait de postiches, fort épais, et noirs comme de l’encre ; sa bouche, quoique grande, était bien façonnée et remplie d’agréments ; ses dents, blanches comme de l’ivoire, étaient bien rangées ; son teint, quoique uni, était jaunâtre, plombé et flasque ; elle avait un bon air, mais un peu affecté. C’était la Laïs de son siècle. Elle ne plut jamais que par sa figure ; car, pour de l’esprit, elle n’en avait pas l’ombre. »

Si vous trouvez ce portrait tracé d’une main un peu cruelle et cynique, ne vous en prenez point à moi, cher lecteur. Il est mot pour mot de la propre main d’une princesse célèbre par ses malheurs, ses vertus domestiques, son orgueil et sa méchanceté, la princesse Wilhelmine de Prusse, sœur du grand Frédéric, mariée au prince héréditaire du margraviat de Bareith, neveu de notre comtesse Hoditz. Elle fut bien la plus mauvaise langue que le sang royal ait jamais produite. Mais ses portraits sont, en général, tracés de main de maître, et il est difficile, en les lisant, de ne pas les croire exacts.

Lorsque Consuelo, coiffée par Keller, et parée, grâce à ses soins et à son zèle, avec une élégante simplicité, fut introduite par le Porpora dans le salon de la margrave, elle se plaça avec lui derrière le clavecin qu’on avait rangé en biais dans un angle, afin de ne point embarrasser la compagnie. Il n’y avait encore personne d’arrivé, tant le Porpora était ponctuel, et les valets achevaient d’allumer les bougies. Le maestro se mit à essayer le clavecin, et à peine en eut-il tiré quelques sons qu’une dame fort belle