Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 3.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
consuelo.

— Je le crois bien ! reprit-elle ; j’y ai remis des manches neuves.

— Et avec quoi ?

— Avec un morceau de la doublure.

— Ah ! les femmes sont étonnantes pour tirer parti de tout ! »

Quand l’habit neuf fut introduit, et que le Porpora l’eut porté deux jours, quoiqu’il fût de la même couleur que le vieux, il s’étonna de le trouver si frais ; et les boutons surtout, qui étaient fort beaux, lui donnèrent à penser.

« Cet habit-là n’est pas à moi, dit-il d’un ton grondeur.

— J’ai ordonné à Beppo de le porter chez un dégraisseur, répondit Consuelo, tu l’avais taché hier soir. On l’a repassé, et voilà pourquoi tu le trouves plus frais.

— Je te dis qu’il n’est pas à moi, s’écria le maestro hors de lui. On me l’a changé chez le dégraisseur. Ton Beppo est un imbécile.

— On ne l’a pas changé ; j’y avais fait une marque.

— Et ces boutons-là ? Penses-tu me faire avaler ces boutons-là ?

— C’est moi qui ai changé la garniture et qui l’ai cousue moi-même. L’ancienne était gâtée entièrement.

— Cela te fait plaisir à dire ! elle était encore fort présentable. Voilà une belle sottise ! suis-je un Céladon pour m’attifer ainsi, et payer une garniture de douze sequins au moins ?

— Elle ne coûte pas douze florins, repartit Consuelo, je l’ai achetée de hasard.

— C’est encore trop ! murmura le maestro. »

Toutes les pièces de son habillement lui furent glissées de même, à l’aide d’adroits mensonges qui faisaient rire Joseph et Consuelo comme deux enfants. Quelques