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ner sur le pupitre, et avala au hasard ce qui s’y trouvait. C’était du café exquis, que Consuelo lui avait savamment et patiemment préparé en même temps que le chocolat, et que Joseph venait d’apporter tout brûlant, à un nouveau signe de son amie.

« Ô nectar des dieux ! ô ami des musiciens ! s’écria le Porpora en le savourant : quel est l’ange, quelle est la fée qui t’a apporté de Venise sous son aile ?

— C’est le diable, répondit Consuelo.

— Tu es un ange et une fée, ma pauvre enfant, dit le Porpora avec douceur en retombant sur son pupitre. Je vois bien que tu m’aimes, que tu me soignes, que tu veux me rendre heureux ! Jusqu’à ce pauvre garçon, qui s’intéresse à mon sort ! ajouta-t-il en apercevant Joseph qui, debout au seuil de l’antichambre, le regardait avec des yeux humides et brillants ! Ah ! mes pauvres enfants, vous voulez adoucir une vie bien déplorable ! Imprudents ! vous ne savez pas ce que vous faites. Je suis voué à la désolation, et quelques jours de sympathie et de bien-être me feront sentir plus vivement l’horreur de ma destinée, quand ces beaux jours seront envolés !

— Je ne te quitterai jamais, je serai toujours ta fille et ta servante », dit Consuelo en lui jetant ses bras autour du cou.

Le Porpora enfonça sa tête chauve dans son cahier et fondit en larmes. Consuelo et Joseph pleuraient aussi, et Keller, que la passion de la musique avait retenu jusque-là, et qui, pour motiver sa présence, s’occupait à arranger la perruque du maître dans l’antichambre, voyant, par la porte entr’ouverte, le tableau respectable et déchirant de sa douleur, la piété filiale de Consuelo, et l’enthousiasme qui commençait à faire battre le cœur de Joseph pour l’illustre vieillard, laissa tomber son peigne, et prenant la perruque du Porpora pour un mouchoir,