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consuelo.

une chambre qui n’est pas aérée et nettoyée tous les jours. Je me chargerai de rétablir méthodiquement chaque jour le désordre que vous aimez, après que Beppo aura balayé et rangé.

— Beppo ! Beppo ! qu’est-ce que cela ? Je ne connais pas Beppo.

— Beppo, c’est lui, dit Consuelo en montrant Joseph. Il avait un nom si dur à prononcer, que vous en auriez eu les oreilles déchirées à chaque instant. Je lui ai donné le premier nom vénitien qui m’est venu. Beppo est bien ; c’est court ; cela peut se chanter.

— Comme tu voudras ! répondit le Porpora qui commençait à se radoucir en feuilletant son opéra, et en le retrouvant parfaitement réuni et cousu en un seul livre.

— Convenez, maître, dit Consuelo en le voyant sourire, que c’est plus commode ainsi.

— Ah ! tu veux toujours avoir raison, toi, reprit le maestro ; tu seras opiniâtre toute ta vie.

— Maître, avez-vous déjeuné ? reprit Consuelo que Keller venait de rendre à la liberté.

— As-tu déjeuné toi-même, répondit Porpora avec un mélange d’impatience et de sollicitude.

— J’ai déjeuné. Et vous, maître ?

— Et ce garçon, ce… Beppo, a-t-il mangé quelque chose ?

— Il a déjeuné. Et vous, maître ?

— Vous avez donc trouvé quelque chose ici ? Je ne me souviens pas si j’avais quelques provisions.

— Nous avons très-bien déjeuné. Et vous, maître ?

— Et vous, maître ! et vous, maître ! Va au diable avec les questions. Qu’est-ce cela te fait ?

— Maître, tu n’as pas déjeuné ! reprit Consuelo, qui se permettait quelquefois de tutoyer le Porpora avec la familiarité vénitienne.