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consuelo.

— Je m’en remets à vous, bon Keller ; seulement je vous avertis, en général, que j’ai l’humeur simple, et que les choses voyantes, les couleurs tranchées, ne conviennent ni à ma pâleur habituelle ni à mes goûts tranquilles.

— Vous me faites injure, signora, en présumant que j’aie besoin de cet avis. Ne sais-je pas, par état, les couleurs qu’il faut assortir aux physionomies, et ne vois-je pas dans la vôtre l’expression de votre naturel ? Soyez tranquille, vous serez contente de moi, et bientôt vous pourrez paraître à la cour, si bon vous semble, sans cesser d’être modeste et simple comme vous voilà. Orner la personne, et non point la changer, tel est l’art du coiffeur et celui du costumier.

— Encore un mot à l’oreille, cher monsieur Keller, dit Consuelo en éloignant le perruquier de Joseph. Vous allez aussi faire habiller de neuf maître Haydn des pieds à la tête, et, avec le reste de l’argent, vous offrirez de ma part à votre fille une belle robe de soie pour le jour de ses noces avec lui. J’espère qu’elles ne tarderont pas ; car si j’ai du succès ici, je pourrai être utile à notre ami et l’aider à se faire connaître. Il a du talent, beaucoup de talent, soyez-en certain.

— En a-t-il réellement, signora ? Je suis heureux de ce que vous me dites ; je m’en étais toujours douté. Que dis-je ? j’en étais certain dès le premier jour où je l’ai remarqué, tout petit enfant de chœur, à la maîtrise.

— C’est un noble garçon, reprit Consuelo, et vous serez récompensé par sa reconnaissance et sa loyauté de ce que vous avez fait pour lui ; car vous aussi, Keller, je le sais, vous êtes un digne homme et un noble cœur… Maintenant, dites-nous, ajouta-t-elle en se rapprochant de Joseph avec Keller, si vous avez fait déjà ce dont nous étions convenus à l’égard des protecteurs de Joseph. L’idée était venue de vous : l’avez-vous mise à exécution ?