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consuelo.

— Hélas ! oui ! un habit marron à boutons d’acier taillés, et pas très-frais, encore ! L’autre habit, qui est mûr et délabré à faire pitié, il l’a mis pour sortir ; et quant à sa robe de chambre, je ne sais si elle a jamais existé ; mais je la cherche en vain depuis une heure. »

Consuelo et Joseph s’étant mis à fureter partout, reconnurent que la robe de chambre du Porpora était une chimère de leur imagination, de même que son par-dessus et son manchon. Compte fait des chemises, il n’y en avait que trois en haillons ; les manchettes tombaient en ruines, et ainsi du reste.

« Joseph, dit Consuelo, voilà une belle bague qu’on m’a donnée hier soir en paiement de mes chansons ; je ne veux pas la vendre, cela attirerait l’attention sur moi, et indisposerait peut-être contre ma cupidité les gens qui m’en ont gratifiée. Mais je puis la mettre en gage, et me faire prêter dessus l’argent qui nous est nécessaire. Keller est honnête et intelligent : il saura bien évaluer ce bijou, et connaîtra certainement quelque usurier qui, en le prenant en dépôt, m’avancera une bonne somme. Va vite et reviens.

— Ce sera bientôt fait, répondit Joseph. Il y a une espèce de bijoutier israélite dans la maison de Keller, et ce dernier étant pour ces sortes d’affaires secrètes le factotum de plus d’une belle dame, il vous fera compter de l’argent d’ici à une heure ; mais je ne veux rien pour moi, entendez-vous, Consuelo ! Vous-même, dont l’équipage a fait toute la route sur mon épaule, vous avez grand besoin de toilette, et vous serez forcée de paraître demain, ce soir peut-être, avec une robe un peu moins fripée que celle-ci.

— Nous réglerons nos comptes plus tard, et comme je l’entendrai, Beppo. N’ayant pas refusé tes services, j’ai