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consuelo.

sommes les meilleurs amis du monde. Tiens ! c’est elle qui m’a donné cela ! »

Et il montra un énorme diamant qu’il avait au doigt.

« Mais on dit aussi qu’elle a ri aux éclats de ta réponse au roi sur son présent.

— Sans doute, elle a trouvé que j’avais fort bien répondu, et que le roi son beau-père avait agi avec moi comme un cuistre.

— Elle t’a dit cela, vraiment ?

— Elle me l’a fait entendre, et m’a remis un passe-port qu’elle avait fait signer par le roi lui-même. »

Tous ceux qui écoutaient ce dialogue se détournèrent pour rire sous cape. Le Buononcini, en parlant des forfanteries de Caffariello en France, avait raconté, une heure auparavant, que la dauphine, en lui remettant ce passe-port, illustré de la griffe du maître, lui avait fait remarquer qu’il n’était valable que pour dix jours, ce qui équivalait clairement à un ordre de sortir du royaume dans le plus court délai.

Caffariello, craignant peut-être qu’on ne l’interrogeât sur cette circonstance, changea de conversation.

« Eh bien, maestro ! dit-il au Porpora, as-tu fait beaucoup d’élèves à Venise, dans ces derniers temps ? En as-tu produit quelques-uns qui te donnent de l’espérance ?

— Ne m’en parle pas ! répondit le Porpora. Depuis toi, le ciel a été avare, et mon école stérile. Quand Dieu eut fait l’homme, il se reposa. Depuis que le Porpora a fait le Caffariello, il se croise les bras et s’ennuie.

— Bon maître ! reprit Caffariello charmé du compliment, qu’il prit tout à fait en bonne part, tu as trop d’indulgence pour moi. Mais tu avais pourtant quelques élèves qui promettaient, quand je t’ai vu à la Scuola di Mendicanti ? Tu y avais déjà formé la petite Corilla qui