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consuelo.

— Je n’y ai pas manqué, par le corps de Dieu ! Monsieur, ai-je dit au premier gentilhomme en ouvrant un tiroir sous ses yeux éblouis ; voilà trente tabatières, dont la plus chétive vaut trente fois celle que vous m’offrez ; et vous voyez, en outre, que les autres souverains n’ont pas dédaigné de m’honorer de leurs miniatures. Dites cela au roi votre maître, Caffariello n’est pas à court de tabatières, Dieu merci !

— Par le sang de Bacchus ! voilà un roi qui a dû être bien penaud ! reprit le Porpora.

— Attendez ! ce n’est pas tout ! Le gentilhomme a eu l’insolence de me répondre qu’en fait d’étrangers Sa Majesté ne donnait son portrait qu’aux ambassadeurs !

— Oui-da ! le paltoquet ! Et qu’as-tu répondu ?

— Écoutez bien, monsieur, ai-je dit ; apprenez qu’avec tous les ambassadeurs du monde on ne ferait pas un Caffariello !

— Belle et bonne réponse ! Ah ! que je reconnais bien là mon Caffariello ! et tu n’as pas accepté sa tabatière ?

— Non, pardieu ! répondit Caffariello en tirant de sa poche, par préoccupation, une tabatière d’or enrichie de brillants.

— Ce ne serait pas celle-ci, par hasard ? dit le Porpora en regardant la boîte d’un air indifférent. Mais, dis-moi, as-tu vu là notre jeune princesse de Saxe ? Celle à qui j’ai mis pour la première fois les doigts sur le clavecin, à Dresde, alors que la reine de Pologne, sa mère, m’honorait de sa protection ? C’était une aimable petite princesse !

— Marie-Joséphine ?

— Oui, la grande dauphine de France.

— Si je l’ai vue ? dans l’intimité ! C’est une bien bonne personne. Ah ! la bonne femme ! Sur mon honneur, nous