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consuelo.

« Elle n’est pas très-bonne, répondit Trenk, car elle est de moi ; je l’aime pourtant, parce qu’elle a plu à ma princesse. »

Le comte fît une grimace terrible pour l’avertir de peser ses paroles. Trenk n’y prit pas seulement garde, et, perdu dans ses pensées, il fit courir l’archet sur les cordes pendant quelques instants ; puis jetant le violon sur la table, il se leva, et marcha à grands pas en passant sa main sur son front. Enfin il revint vers le comte, et lui dit :

« Je vous souhaite le bonsoir, mon cher comte. Je suis forcé de partir avant le jour, car la voiture que j’ai fait demander doit me prendre ici à trois heures du matin. Puisque vous y passez toute la matinée, je ne vous reverrai probablement qu’à Vienne. Je serai heureux de vous y retrouver, et de vous remercier encore de l’agréable bout de chemin que vous m’avez fait faire en votre compagnie. C’est de cœur que je vous suis dévoué pour la vie. »

Ils se serrèrent la main à plusieurs reprises, et, au moment de quitter l’appartement, le baron, s’approchant de Joseph, lui remit quelques pièces d’or en lui disant :

« C’est un à-compte sur les leçons que je vous demanderai à Vienne ; vous me trouverez à l’ambassade de Prusse. »

Il fit un petit signe de tête à Consuelo, en lui disant :

« Toi, si jamais je te retrouve tambour ou trompette dans mon régiment, nous déserterons ensemble, entends-tu ? »

Et il sortit, après avoir encore salué le comte.

fin du tome deuxième.


Paris.— Typ. de Ve Dondey-Dupré, r. St-louis, 46.