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consuelo.

virons de guides. Ces bandits ont dans leur voiture un malheureux caché dans un compartiment de la caisse, enfermé comme dans un cachot. Il est là pieds et poings liés, mourant, ensanglanté, et un bâillon dans la bouche. Allez le délivrer ; cela convient à de nobles cœurs comme les vôtres !

— Vive Dieu, cet enfant est fort gentil ! s’écria le baron, et je vois, cher comte, que nous n’avons pas perdu notre temps à l’écouter. C’est peut-être un brave gentilhomme que nous allons tirer des mains de ces bandits.

— Vous dites qu’ils sont là ? reprit le comte en montrant le bois.

— Oui, dit Joseph ; mais ils sont dispersés, et si vos seigneuries veulent bien écouter mon humble avis, elles diviseront l’attaque. Elles monteront la côte dans leur voiture, aussi vite que possible, et, après avoir tourné la colline, elles trouveront à la hauteur du bois que voici, et tout à l’entrée, sur la lisière opposée, la voiture où est le prisonnier, tandis que je conduirai messieurs les cavaliers directement par la traverse. Les bandits ne sont que trois ; ils sont bien armés ; mais, se voyant pris des deux côtés à la fois, ils ne feront pas de résistance.

— L’avis est bon, dit le baron. Comte, restez dans la voiture, et faites-vous accompagner de votre domestique. Je prends son cheval. Un de ces enfants vous servira de guide pour savoir en quel lieu il faut vous arrêter. Moi, j’emmène celui-ci avec mon chasseur. Hâtons-nous ; car si nos brigands ont l’éveil, comme il est probable, ils prendront les devants.

— La voiture ne peut vous échapper, observa Consuelo ; leur cheval est sur les dents. »

Le baron sauta sur celui du domestique du comte, et ce domestique monta derrière la voiture.