— Non, monsieur, c’est mon ami, dit Joseph ; nous ne sommes pas de même nation, et il entend peu l’allemand.
— De quel pays est-il donc ? continua M. Mayer en regardant toujours Consuelo.
— De l’Italie, monsieur, répondit encore Haydn.
— Vénitien, génois, romain, napolitain ou calabrais ? dit M. Mayer en articulant chacune de ces dénominations dans le dialecte qui s’y rapporte, avec une admirable facilité.
— Oh ! monsieur, je vois bien que vous pouvez parler avec toutes sortes d’italiens, répondit enfin Consuelo, qui craignait de se faire remarquer par un silence prolongé ; moi je suis de Venise.
— Ah ! c’est un beau pays ! reprit M. Mayer en se servant tout de suite du dialecte familier à Consuelo. Est-ce qu’il y a longtemps que vous l’avez quitté ?
— Six mois seulement.
— Et vous courez le pays en jouant du violon ?
— Non ; c’est lui qui accompagne, répondit Consuelo en montrant Joseph ; moi je chante.
— Et vous ne jouez d’aucun instrument ? ni hautbois, ni flûte, ni tambourin ?
— Non ; cela m’est inutile.
— Mais si vous êtes bon musicien, vous apprendriez facilement, n’est-ce pas ?
— Oh ! certainement, s’il le fallait !
— Mais vous ne vous en souciez pas ?
— Non, j’aime mieux chanter.
— Et vous avez raison ; cependant vous serez forcé d’en venir là, ou de changer de profession, du moins pendant un certain temps.
— Pourquoi cela, monsieur ?
— Parce que votre voix va bientôt muer, si elle n’a