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furent donc fort surpris de lui voir prendre tout d’un coup de très-bonnes manières, un ton modeste, et un maintien doux et prévenant. Il eut l’adresse de se plaindre tout bas au chapelain d’un grand mal de tête, et d’ajouter qu’étant fort sobre d’habitude, le vin de Hongrie, dont il ne s’était pas méfié au dîner, lui avait porté au cerveau. Au bout d’un instant, cet aveu fut communiqué en allemand à la chanoinesse et au comte, qui accepta cette espèce de justification avec un charitable empressement. Wenceslawa fut d’abord moins indulgente ; mais les soins que le comédien se donna pour lui plaire, l’éloge respectueux qu’il sut faire, à propos, des avantages de la noblesse, l’admiration qu’il montra pour l’ordre établi dans le château, désarmèrent promptement cette âme bienveillante et incapable de rancune. Elle l’écouta d’abord par désœuvrement, et finit par causer avec lui avec intérêt, et par convenir avec son frère que c’était un excellent et charmant jeune homme. Lorsque Consuelo revint de sa promenade, une heure s’était écoulée, pendant laquelle Anzoleto n’avait pas perdu son temps. Il avait si bien regagné les bonnes grâces de la famille, qu’il était sûr de pouvoir rester autant de jours au château qu’il lui en faudrait pour arriver à ses fins. Il ne comprit pas ce que le vieux comte disait à Consuelo en allemand ; mais il devina, aux regards tournés vers lui, et à l’air de surprise et d’embarras de la jeune fille, que Christian venait de faire de lui le plus complet éloge, en la grondant un peu de ne pas marquer plus d’intérêt à un frère aussi aimable.

« Allons, signora, dit la chanoinesse, qui, malgré son dépit contre la Porporina, ne pouvait s’empêcher de lui vouloir du bien, et qui, de plus, croyait accomplir un acte de religion ; vous avez boudé votre frère à dîner, et il est vrai de dire qu’il le méritait bien dans ce moment-