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consuelo.

matiques, qui blanchissent en prenant un peu d’embonpoint. Ce sera une belle fille, vous verrez cela.

— Et puis encore ?

— Et puis encore la supérieure de Santa-Chiara, qui me fait faire des broderies pour ses autels, et qui a dit à une de ses sœurs : tenez, voyez si ce que je vous disais n’est pas vrai ? La Consuelo ressemble à notre sainte Cécile. Toutes les fois que je fais ma prière devant cette image, je ne peux m’empêcher de penser à cette petite ; et alors je prie pour elle, afin qu’elle ne tombe pas dans le péché, et qu’elle ne chante jamais que pour l’église.

— Et qu’a répondu la sœur ?

— La sœur a répondu : c’est vrai, ma mère ; c’est tout à fait vrai. Et moi j’ai été bien vite dans leur église, et j’ai regardé la sainte Cécile qui est d’un grand maître, et qui est belle, bien belle !

— Et qui te ressemble ?

— Un peu.

— Et tu ne m’as jamais dit cela ?

— Je n’y ai pas pensé.

— Chère Consuelo, tu es donc belle ?

— Je ne crois pas ; mais je ne suis plus si laide qu’on le disait. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’on ne me le dit plus. Il est vrai que c’est peut-être parce qu’on s’imagine que cela me ferait de la peine à présent.

— Voyons, Consuelina, regarde-moi bien. Tu as les plus beaux yeux du monde, d’abord !

— Mais la bouche est grande, dit Consuelo en riant et en prenant un petit morceau de miroir cassé qui lui servait de psyché pour se regarder.

— Elle n’est pas petite ; mais quelles belles dents ! reprit Anzoleto ; ce sont des perles fines, et tu les montres toutes quand tu ris.