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toujours grinçantes à sa ceinture, pour avoir cru longtemps à l’entrée et à l’évasion de Zdenko l’avant-dernière nuit. Elle adressa donc à Consuelo des paroles affectueuses et compatissantes, la conjurant de ne pas s’identifier au malheur de la famille, jusqu’à en perdre la santé, et s’efforçant de lui donner, sur le retour prochain de son neveu, des espérances qu’elle commençait elle-même à perdre dans le secret de son cœur.

Mais elle fut émue à la fois de crainte et d’espoir, lorsque Consuelo lui répondit, avec un regard brillant de satisfaction et un sourire de douce fierté :

« Vous avez bien raison de croire et d’attendre avec confiance, chère madame. Le comte Albert est vivant et peu malade, je l’espère ; car il s’intéresse encore à ses livres et à ses fleurs du fond de sa retraite. J’en ai la certitude ; et j’en pourrais donner la preuve.

— Que voulez-vous dire, chère enfant ? s’écria la chanoinesse, dominée par son air de conviction : qu’avez-vous appris ? qu’avez-vous découvert ? Parlez, au nom du ciel ! rendez la vie à une famille désolée !

— Dites au comte Christian que son fils existe, et qu’il n’est pas loin d’ici. Cela est aussi vrai que je vous aime et vous respecte. »

La chanoinesse se leva pour courir vers son frère, qui n’était pas encore descendu au salon ; mais un regard et un soupir du chapelain l’arrêtèrent.

« Ne donnons pas à la légère une telle joie à mon pauvre Christian, dit-elle en soupirant à son tour. Si le fait venait bientôt démentir vos douces promesses, ah ! ma chère enfant ! nous aurions porté le coup de la mort à ce malheureux père.

— Vous doutez donc de ma parole ? répliqua Consuelo étonnée.

— Dieu m’en garde, noble Nina ! mais vous pouvez