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consuelo.

— Quoi ! qu’y a-t-il ? s’écria-t-il en bondissant sur sa chaise, et en roulant de gros yeux ronds.

— Je vous parle de la citerne, reprit-elle sans se déconcerter ; avez-vous observé par vous-même la production du phénomène ?

— Ah ! bien, oui, la citerne ; j’y suis, répondit-il avec un sourire de pitié. Voilà, pensa-t-il, sa folie qui la reprend.

— Mais, répondez-moi donc, mon bon chapelain, dit Consuelo, qui poursuivait sa méditation avec l’espèce d’acharnement qu’elle portait dans toutes ses occupations mentales, et qui n’avait aucune intention malicieuse envers le digne homme.

— Je vous avouerai, mademoiselle, répondit-il d’un ton très-froid, que je ne me suis jamais trouvé à même d’observer ce que vous me demandez ; et je vous déclare que je ne me suis jamais tourmenté au point d’en perdre le sommeil.

— Oh ! j’en suis bien certaine, reprit Consuelo impatientée. »

Le chapelain haussa les épaules, et se leva péniblement de son siège, pour échapper à cette ardeur d’investigation.

« Eh bien, puisque personne ici ne veut perdre une heure de sommeil pour une découverte aussi importante, j’y consacrerai ma nuit entière, s’il le faut, pensa Consuelo. »

Et, en attendant l’heure de la retraite, elle alla, enveloppée de son manteau, faire un tour de jardin.

La nuit était froide et brillante ; les brouillards s’étaient dissipés à mesure que la lune, alors pleine, avait monté dans l’empyrée. Les étoiles pâlissaient à son approche ; l’air était sec et sonore. Consuelo, irritée et non brisée par la fatigue, l’insomnie, et la perplexité généreuse,