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consuelo.

elle a vu Zdenko, Zdenko est venu ici. Il faut le chercher dans toute la maison ; et comme tout est bien fermé, Dieu merci, il ne peut nous échapper. »

On réveilla les autres domestiques, et on chercha de tous côtés. Il n’y eut pas une armoire qui ne fût ouverte, un meuble qui ne fût dérangé. On remua jusqu’au fourrage des immenses greniers. Hanz eut la naïveté de chercher jusque dans les larges bottes du baron. Zdenko ne s’y trouva pas plus qu’ailleurs. On commença à croire que Consuelo avait rêvé ; mais elle demeura plus persuadée que jamais qu’il fallait trouver l’issue mystérieuse du château, et elle résolut de porter à cette découverte toute la persévérance de sa volonté. À peine eut-elle pris quelques heures de repos qu’elle commença son examen. Le bâtiment qu’elle habitait (le même où se trouvait l’appartement d’Albert) était appuyé et comme adossé à la colline. Albert lui-même avait choisi et fait arranger son logement dans cette situation pittoresque qui lui permettait de jouir d’un beau point de vue vers le sud, et d’avoir du côté du levant un joli petit parterre en terrasse, de plain-pied avec son cabinet de travail. Il avait le goût des fleurs, et en cultivait d’assez rares sur ce carré de terres rapportées au sommet stérile de l’éminence. La terrasse était entourée d’un mur à hauteur d’appui, en larges pierres de taille, assis sur des rocs escarpés, et de ce belvédère fleuri on dominait le précipice de l’autre versant et une partie du vaste horizon dentelé du Bœhmerwald. Consuelo, qui n’avait pas encore pénétré dans ce lieu, en admira la belle position et l’arrangement pittoresque ; puis elle se fit expliquer par le chapelain à quel usage était destinée cette terrasse avant que le château eût été transformé, de forteresse, en résidence seigneuriale.

« C’était, lui dit-il, un ancien bastion, une sorte de ter-