Page:Sand - Consuelo - 1856 - tome 1.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
consuelo.

bitua si bien à son nouveau siège, qu’il se mit à ronfler sur un ton à couvrir les derniers grondements du tonnerre, qui se perdaient par degrés dans l’éloignement.

Le bruit de la grosse cloche du château (celle qu’on ne sonnait que pour les visites extraordinaires) se fit tout à coup entendre, et le vieux Hanz, le doyen des serviteurs de la maison, entra peu après, tenant une grande lettre qu’il présenta au comte Christian, sans dire une seule parole. Puis il sortit pour attendre dans la salle voisine les ordres de son maître ; Christian ouvrit la lettre, et, ayant jeté les yeux sur la signature, présenta ce papier à la jeune baronne en la priant de lui en faire la lecture. Amélie, curieuse et empressée, s’approcha d’une bougie, et lut tout haut ce qui suit :

« Illustre et bien-aimé seigneur comte,

« Votre excellence me fait l’honneur de me demander un service. C’est m’en rendre un plus grand encore que tous ceux que j’ai reçus d’elle, et dont mon cœur chérit et conserve le souvenir. Malgré mon empressement à exécuter ses ordres révérés, je n’espérais pas, cependant, trouver la personne qu’elle me demande aussi promptement et aussi convenablement que je désirais le faire. Mais des circonstances favorables venant à coïncider d’une manière imprévue avec les désirs de votre seigneurie, je m’empresse de lui envoyer une jeune personne qui remplit une partie des conditions imposées. Elle ne les remplit cependant pas toutes. Aussi, je ne l’envoie que provisoirement, et pour donner à votre illustre et aimable nièce le loisir d’attendre sans trop d’impatience un résultat plus complet de mes recherches et de mes démarches.

La personne qui aura l’honneur de vous remettre cette lettre est mon élève, et ma fille adoptive en quel-