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bonne, et que madame la duchesse est très-dure.

— Non, mon enfant, reprit madame d’Évereux. Je crois que l’on guérit de tout, même de la folie. Écoutez beaucoup mademoiselle Verrier, questionnez-la sur ce qu’elle entend par l’amour vrai. Je suis certaine qu’elle vous donnera une de ces définitions que les grands esprits savent trouver, et qui nous frappent au point de faire époque et même révolution dans notre vie morale. Voulez-vous, Constance ? Voyons, j’ai peut-être besoin aussi d’une synthèse, moi qui parle. Si vous nous racontiez votre histoire ?

— Moi ! répondit Constance en rougissant ; mais je n’ai pas d’histoire, et ce que je pourrais raconter serait fort insipide. C’est vous, madame la duchesse, qui pourriez nous donner un sage enseignement, si vous ne nous trouviez pas indignes de l’entendre. Vous avez beaucoup réfléchi, beaucoup écrit, à ce qu’on assure, et pour vous seule, malheureusement, ou pour un petit nombre d’amis privilégiés.

— Si je vous raconte ma vie, dit la duchesse, me promettez-vous toutes deux, et vous surtout, Constance, de la juger franchement, et de ne me ménager la critique en aucune façon ?

— Si vous l’exigez… dit Constance.

— Oh ! quant à moi, dit la Mozzelli, je vous promets d’être fort sévère, et si je vous trouve… illogique, je ne me permettrais pas de dire folle, je déclare que je le dirai sans ambages.

— Soit ! dit la duchesse. Eh bien, je commence et