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soit sa faute ou celle des autres, nous ne sommes pas ici pour faire son procès. Elle a vécu dans un méchant monde, et peut-être y a-t-elle vécu aussi bonne et aussi sage que cela était possible, relativement.

— Ainsi, vous me donnez l’absolution ? dit la cantatrice à mademoiselle Verrier. Vous, le bel ange des cieux, vous ne me damnez pas ?

— Je ne damne personne, et je vous excuse particulièrement ; cependant je ne vous absous pas autant que vous le prétendez. Je crois au libre arbitre, et, tout en mettant les fautes et les égarements de votre vie en grande partie sur le compte d’une certaine fatalité, je regrette que vous ne soyez pas arrivée à une meilleure solution en terminant votre récit. J’espérais mieux de vous.

— Qu’espériez-vous d’elle ? demanda la duchesse.

— J’espérais, reprit Constance, ou son humble réconciliation avec le genre humain, qu’elle n’a peut-être pas le droit de tant mépriser, ou une sorte de soumission religieuse aux misères de ce monde.

— Bien ! je comprends. Voilà mon arrêt, dit la Mozzelli un peu blessée et fort triste. Vous êtes sévère comme la vertu. Mais savez-vous ce que je pourrais vous répondre ?

— Répondez, ma chère, ne vous gênez pas, dit Constance.

— Eh bien, je vous répondrai que la vertu n’est peut-être pas souvent autre chose que l’ignorance du mal, et que, si on vous eût jetée dès l’enfance dans le