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air distrait, son attitude de sultan ennuyé. Ah ! voilà le malheur des jeunes filles ! Elles croient, elles aiment ; on les trompe et on les abandonne !

« Cet homme avait repris un air si bon, que je me laissai aller à causer avec lui : d’abord, j’aimais encore trop mon infidèle pour consentir à le laisser accuser trop sévèrement. Aussi, je me hâtai de le défendre en disant ce qu’il avait voulu, ce qu’il voulait faire pour moi. Et puis, j’éprouvai le besoin impérieux de me relever dans l’estime du premier venu, en exprimant mon dédain pour l’argent et ma résolution de travailler pour vivre. J’eusse mieux fait de me taire, de rentrer à l’hôtel, de vendre une partie de mes toilettes et d’accepter l’argent qui m’arriverait de Marseille. De cette façon, j’aurais pu aviser librement à mon avenir, tandis qu’en affichant mon dénûment volontaire, je me livrais, sans le savoir, à des embûches nouvelles. »

— Et c’est ainsi, dit la duchesse, que les résolutions héroïques sont les pires que l’on puisse prendre.

— C’est égal, dit Constance, quel que soit le résultat, je sais gré à la Sofia d’avoir pris cette résolution-là.


IV


« Ah ! voilà ! reprit la Mozzelli, la contradiction est partout, et, quand on voit les aspirations de la conscience si mal secondées par la destinée, on arrive aux doutes les plus amers !