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là l’occasion défaire l’éloge de toutes trois. La Mozzelli se livra avec sa vivacité et sa franchise accoutumées. La duchesse, qui ne se livrait jamais, eut l’air de pouvoir se livrer impunément, n’ayant, selon elle, rien à dire d’elle-même qui ne fût connu de tout le monde. Constance seule se tint franchement sur la réserve et prétendit qu’elle ne se connaissait pas assez, ou qu’elle n’avait pas assez réfléchi, pour combattre ou soutenir des théories quelconques. La duchesse sentit que Constance avait des idées plus arrêtées qu’elle ne voulait le laisser voir. Elle éprouva une ardente curiosité de pénétrer l’énigme de cette belle âme ; mais si elle pouvait espérer, grâce au prestige de son esprit, y parvenir un jour, elle devinait bien qu’en présence de madame Ortolani, qu’elle ne connaissait pas assez, et peut-être en présence de sa tante, qui ne la comprenait pas du tout, Constance n’aurait pas un moment de véritable abandon.

En femme désœuvrée qui se croit sérieusement occupée de l’étude des autres, la duchesse résolut de ne pas quitter Paris sans avoir trouvé le moyen de confesser cette mystérieuse ingénue.

Elle y réfléchit quelques instants. Elle eut d’abord envie d’inviter Constance avec la Mozzelli à un dîner intime. Mais elle craignit un refus, et elle était trop fière pour s’y exposer. Il était bien certain que Constance n’irait pas davantage chez la Mozzelli. Elle imagina de s’inviter chez Constance, comptant sur quelque prétexte pour éloigner la tante dans la soirée.