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ma destinée était dans ses mains. Vous qui savez tout, ma grande duchesse, est-ce que vous pourriez m’expliquer cela ?

— C’est très-facile, répondit la duchesse : les extrêmes se cherchent.

— C’est vrai, mais pourquoi ?

— Pourquoi ? vous le demandez ? Parce que tous et toutes nous aspirons à compléter notre vie morale et intellectuelle par les dons et privilèges naturels qui nous manquent. De même qu’un avare aime beaucoup à vivre aux dépens d’un prodigue, et que, par contre, le prodigue sent souvent le besoin de faire intervenir l’influence d’un avare dans les embarras qu’il s’est créés, de même un homme violent et impétueux éprouve comme un repos réparateur dans la société d’un être doux et tranquille ; de même aussi une femme éprouvée et déçue par la passion aspire à la suave mansuétude d’une âme que les passions n’ont jamais troublée.

— Eh bien ! vous avez raison. Je comprends cela. Mademoiselle Verrier est pour moi un idéal d’innocence, de vertu, de raison et de simplicité. Je voudrais être elle !

— Sans pourtant cesser d’être vous ? dit mademoiselle Verrier en entrant dans le salon.

En se débarrassant de ses fourrures auprès de la porte, elle avait entendu les dernières paroles de la Mozzelli.

— Oh ! je vous demande pardon, répliqua celle-ci ;