Page:Sand - Constance Verrier.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Il le faudra bien, dit Constance à Cécile quand la duchesse fut partie. Je ne veux pas qu’elle croie que je me souviens !

Enfin, le jour du mariage arriva, et jamais Constance ne parut plus belle et plus heureuse. Elle avait oublié. Raoul était ivre de joie intérieure. Il s’était senti religieux devant l’autel ; il avait juré avec son âme comme avec ses lèvres de justifier la confiance de sa femme trois fois sainte par l’amour, la douleur et le pardon.

Au moment d’entrer dans la chambre nuptiale, Constance embrassa sa tante et resta longtemps suspendue à son cou.

— Qu’est-ce que tu as donc ? lui dit Cécile. Comme tu as froid ! tu me fais peur !

Constance suivit Raoul dans l’appartement qu’ils devaient désormais occuper. C’était celui que le père et la mère de Constance avaient habité pendant, douze ans d’une paisible et religieuse union. Constance avait décidé, en perdant son père, qu’elle n’aurait pas d’autre chambre quand elle serait mariée, et, en attendant, elle l’avait entretenue avec soin sans y vouloir rien changer. Elle n’y entrait jamais qu’avec un sentiment profond de respect pour son passé et pour son avenir.

C’était une vaste pièce, assombrie comme toutes les autres, non-seulement dans le jour par les grands tilleuls du jardin, mais encore le soir, malgré les flambeaux, par la tenture en vieux cordoue sobrement lamée d’argent. M. Verrier avait eu le goût des