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son esprit. Elle s’imposa d’écouter Raoul comme l’oracle de sa vie, de lui tenir compte de tout ce qu’il avait fait et voulait faire pour la guérir à jamais du doute. Elle pria sa tante, si elle-même doutait encore, de ne pas le lui dire. Elle fut adorable de tendresse, de soumission intellectuelle, de délicat enjouement avec son fiancé. Elle consentit à fixer le jour de leur mariage, se disant que quand elle aurait fait le serment d’aimer de toute son âme et de toutes ses forces, son âme trouverait de plus grandes forces pour aimer.

Raoul hâta le jour du mariage, non sans éprouver lui-même de secrètes angoisses. Il sentait encore de l’hésitation intérieure dans l’abandon qu’il implorait. Il eût voulu serrer dans ses bras une amante ivre de bonheur, et, si Constance l’eût exigé, il fût resté absorbé et enchaîné à ses pieds durant de nouvelles années d’épreuve. Mais la réputation de Constance exigeait que leur intimité atteignît son but et sa sanction religieuse. Il ne voulait plus la quitter d’un jour, afin qu’elle ne pût le soupçonner, et il ne pouvait pourtant pas continuer à la voir tous les jours sans la compromettre.

Docile et bonne, elle eût consenti à se marier à Nice ; mais Raoul et sa tante avaient pris ce lieu en horreur, et cette maison de la Mozzelli, à laquelle Constance semblait s’attacher d’une manière étrange, leur apparaissait remplie d’amertumes et de visions sinistres. Constance consentit à retourner à Paris. On reçut les adieux du petit nombre de personnes que