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— Eh bien, Dieu te reste, et moi aussi. Quant à lui, il faut qu’il s’en aille. Tu l’épouserais par générosité, et tu t’en repentirais. Vous seriez malheureux tous les deux pour toute la vie. Il faut rompre. Constance était brisée de cet entretien. Elle supplia Cécile de la laisser à ses réflexions, sans rien conclure pendant quelques jours encore.

Mais Cécile Verrier ne pouvait se calmer. Héroïque et stoïque en face de la maladie et de la mort, elle flottait inquiète et comme éperdue dans les écueils de la vie. La sienne avait été si calme, si soutenue et si réglée ; sa vieillesse, grâce à son frère, à Constance et à Raoul lui-même, avait été si douce, qu’elle ne se reconnaissait plus elle-même dans le trouble et dans l’imprévu.

Elle avait promis à Constance de ne rien dire à Raoul ; elle n’y put tenir et lui révéla tout, l’accablant de reproches et tout aussitôt faiblissant, prête à pardonner, pourvu que Constance fût consolée.

— Raoul préféra la nécessité, ou plutôt la liberté de s’expliquer, à tout ce qu’il avait souffert du silence effrayant de sa fiancée. Il courut pour se jeter à ses genoux, mais elle demanda grâce se disant plus souffrante ce jour-là, et le médecin, qui arriva sur ces entrefaites, lui trouva de la fièvre et ordonna encore une fois le calme, qu’il était si difficile de voir renaître dans une pareille situation. Raoul attendit encore des heures, des jours, deux mortelles semaines. Cécile était redevenue muette ; mais Constance reprenait des forces, et sa santé refleu-