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XVII


Cécile Verrier n’avait pas pleuré une seule fois lorsque Constance était au plus mal. Elle était encore tendue, active, excitée, cherchant tous les moyens de la distraire ; mais, en écoutant le récit de cette funeste soirée, et en sentant passer en elle toutes les douleurs de celle qu’elle regardait et chérissait comme sa fille, elle fondit en larmes.

— Ah ! oui, tu disais bien ! s’écria-t-elle : ils t’ont assassinée ; ils se sont mis trois contre toi ; ils t’ont mis trois poignards empoisonnés dans le cœur ; et, à présent, tu es perdue, Constance, je le vois bien ! tu n’en reviendras pas ! Mais je te suivrai, et j’irai, avec toi, dire à ton père : Nous voilà, tu nous avais confiées à un ami, c’est lui qui nous a fait mourir !

— Tais-toi ! tais-toi, tante ! répondit Constance en embrassant avec tendresse sa vieille amie ; nous ne mourrons pas, Dieu ne le veut pas, et mon père nous commande d’aller jusqu’au bout. Ils veulent que nous pardonnions, et moi, je le leur ai juré, je pardonnerai ! Il faudra bien que tu fasses comme moi, puisque nous n’avons jamais eu qu’une volonté à nous deux, toi et moi.

— Pardonner ! dit mademoiselle Verrier exaspérée ; non ! nous allons partir demain. Je ne veux pas que tu revoies ce malheureux, c’est lui qui continue à te tuer. Quand tu ne le verras plus, tu l’oublieras. Ah !