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— Non, répondit Constance en pleurant : je t’aime !

C’était la première fois, depuis son retour, que Raoul entendait prononcer ce mot tant de fois écrit par elle. Il fut d’abord ivre de joie et de reconnaissance ; mais bientôt il retomba dans ses incertitudes et dans ses terreurs. Constance avait-elle refusé d’entendre un mensonge souiller les lèvres de son fiancé, ou, ce qui eût été plus féminin et plus vraisemblable, avait-elle écouté ce qu’elle croyait désormais être la vérité, en feignant de n’avoir pas eu besoin de ce serment solennel ? Était-elle maintenant tranquille, heureuse, guérie, ou désespérait-elle plus que jamais de croire ?

Dès que Constance fut seule avec sa tante, elle la gronda tendrement.

— Ah ! tante chérie, lui dit-elle, qu’as-tu fait ce soir ? Tu n’en sais rien, n’est-ce pas ? Tu as cru que j’étais jalouse, que je n’avais pas sujet de l’être, et tu as arraché un faux serment au plus honnête homme qui existe ! S’il ne me hait pas dans ce moment-ci, ce n’est pas ta faute. À sa place, je fuirais la femme qui me réduit à cette honte. Pauvre ami, comme il a dû souffrir ! Cela me déchirait le cœur de l’entendre. Et, comme la tante se désolait d’avoir si mal réussi à lui faire un peu de bien, Constance ajouta :

— Rassure-toi, chère tante. À quelque chose malheur est bon. Ce supplice qu’il a enduré pour moi, c’est une grande chose, et cela m’aidera à une grande chose aussi, qui est de lui pardonner le passé.

— Je ne te comprends plus, dit la tante ; tu sais