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per ; tant pis pour toi ! Je ne veux pas savoir tes vilaines histoires, et je ne veux pas qu’elle y croie. Elle en mourrait ! Je vais t’attaquer devant elle, et tu feras serment que tu n’as jamais pensé qu’à elle. Si tu es forcé de mentir, c’est ta faute ; mais elle te croira, et, au nom de son père, je te commande de lui rendre le repos.

Raoul hésita longtemps, mais Constance, après quelques jours d’animation, était retombée. Elle dépérissait, en effet, et Cécile était outrée de voir que, pour la sauver, il ne voulût pas se mettre mal avec lui-même. Elle l’accusait d’être orgueilleux. — Moi qui n’ai jamais rien fait de mal, disait-elle, je me damnerais pour ma nièce, et toi qui es coupable, tu crains de l’être un peu davantage.

Il céda. Il subit l’interrogatoire de la tante en présence de Constance, et il fit le serment qu’elle exigeait. Ce fut la plus atroce torture qu’il eût encore éprouvée. Il n’avait jamais trahi la vérité, et il en était fier. Il se crut déshonoré et resta quelques instants sans pouvoir lever les yeux sur Constance. Quand il la regarda, il la vit pâle comme la mort. Il s’élança vers elle et tomba à ses genoux. Mais elle l’empêcha de parler.

— Ne craignez rien, lui dit-elle, c’est un battement de cœur qui m’a pris ; mais voilà que ça se passe. Pardon ! vous me parliez donc ? Depuis cinq minutes, j’étais sourde comme pendant ma maladie. De quoi donc avez-vous causé ?

— Constance, s’écria Abel, ah ! tu es sublime, toi !