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lani avait rendu un grand service à quelqu’un de sa famille, et que madame Ortolani ayant beaucoup insisté pour la voir venir chez elle, elle-même aurait cru montrer de l’ingratitude en s’y refusant. Elle ajouta qu’elle ne voyait rien que de bon autour de cette aimable femme, et toute cette explication était la vérité.

La Mozzelli était venue là pour se faire entendre. Mademoiselle Ortolani l’aimait beaucoup ; elle plut énormément dans ce petit monde choisi, elle s’y plut elle-même et y revint souvent. Comme elle n’avait pas encore d’engagement à Paris et que la duchesse, touchée de son beau talent, employait son influence (étendue à plusieurs sphères diverses) à lui en faire contracter un convenable aux Italiens, elle se trouva, vite et naturellement, en rapports de gratitude avec cette noble dame, et elle chanta plusieurs fois chez elle dans l’intimité. Elle y chanta même devant elle seule, et pour lui donner une heure de plaisir sérieux et profond. Madame d’Évereux, sans être artiste elle-même, aimait la musique et s’y connaissait.

Ce fut le hasard qui rapprocha Constance des deux premières. Un soir que l’on chantait au piano chez madame Ortolani, l’accompagnateur se trouva tout à coup malade, et mademoiselle Verrier prit sa place sans réflexion, sans hésitation, en bonne personne qui n’a aucune préoccupation d’elle-même et qui possède un grand fonds de dévouement pour les autres. Accompagner sans répétition préalable avec les chanteurs est