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réparer mes torts involontaires. D’abord nier fermement, — c’est votre devoir aussi, — qu’il y ait eu, entre nous, autre chose que des caquetages et des aphorismes.

— Et si Constance me demande ma parole ?

— Vous la donnerez !

— Ah ! c’est ainsi que vous traitez de l’honneur des hommes ?

— Tant pis pour les hommes ! Ceci doit vous faire reconnaître une vérité qu’ils essaient en vain de supprimer en disant qu’il y a pour nous une vertu qui n’est pas la leur. Moi, je n’ai pas l’esprit tellement faussé par la résignation aux choses établies que je ne sache combien cela est faux et injuste. La liberté ou la vertu pour tous et pour toutes, voilà ma doctrine. Vous avez choisi la liberté en voyage, c’est fort bien ! mais il vous faudra manquer à la sincérité, c’est-à-dire à la vertu au logis. L’opinion, qui n’est pas logique, vous permet d’être infidèle, et, d’un autre côté, elle vous défend de nommer vos conquêtes. Un homme qui manque à cette loi, même pour complaire à sa femme, est un sot ou un lâche, et lorsque, pour se préserver de commettre cette platitude, il lui faut traiter sa femme comme un petit enfant, c’est-à-dire lui faire des mensonges pour son bien, c’est tant pis pour lui s’il tue le respect de l’épouse et du mariage dans son propre cœur.

— Je vous remercie de la leçon, madame la duchesse, répondit Raoul ; elle est juste en ce dernier