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Mozzelli. Cet homme qui l’emporte dans ses bras, cet homme que nous avons rendu infidèle, c’est celui qu’elle aimait !

Au moment où Raoul déposa Constance sur le divan du salon, la duchesse et la Mozzelli étaient si troublées qu’elles étaient prêtes à s’évanouir elles-mêmes, et qu’elles s’agitaient sans la pouvoir secourir. Raoul s’indignait contre elles et les haïssait, en ce moment, autant qu’il se haïssait lui-même. Il ne pouvait que presser Constance dans ses bras tremblants, contre son cœur désolé, pour essayer de la ranimer, et elle restait inerte. La Mozzelli retrouva la première sa présence d’esprit. Elle fit allumer un grand feu et rouler Constance dans des fourrures. On parvint à la réchauffer et à ramener les battements du cœur, mais si faibles et si interrompus, qu’à chaque instant ce pauvre cœur semblait avoir perdu la force de vivre.

Le cas était grave ; ce n’était pas une simple crise de nerfs. La circulation du sang avait été brusquement suspendue et refusait de reprendre ses fonctions.

Raoul courut chercher un médecin. Inquiète, la tante de Constance était déjà arrivée avec Julie d’Évereux.

Au bout de trois heures seulement Constance ouvrit ses grands yeux déjà creusés dans ses orbites bleuis, et regarda autour d’elle avec un étonnement profond. Elle reconnut sa tante et sourit faiblement à Julie. Mais elle ne reconnut ni la Mozzelli ni la duchesse, et quand Raoul se hasarda à lui demander si elle se sentait mieux, elle le prit pour un médecin et lui répondit