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problématique. La duchesse avait beaucoup d’amis ; on disait tout bas des amants, mais sans qu’on pût rien affirmer et prouver contre elle. On pouvait prouver davantage contre la Mozzelli, mais on s’accordait à dire qu’elle s’était beaucoup rangée et que d’ailleurs jamais ses sentiments n’avaient spéculé.

Quant à mademoiselle Verrier, on savait qu’elle était irréprochable, et cependant quelques esprits malveillants cherchaient à découvrir en elle une faute, une passion ou un travers, pour expliquer comment une personne riche, belle, aimable et bien posée dans le monde avait refusé tous les partis et tenait toutes les prétentions à distance.

Elle vivait très-retirée, avec une tante de soixante ans. Dès le printemps, elle disparaissait pour s’enfermer à la campagne jusqu’aux premiers jours de l’hiver. Elle allait peu dans le monde, et choisissait son milieu, en personne posée que rien n’entraîne.

Ce fut un étonnement pour quelques juges rigides de la voir apparaître, dans l’hiver de 1846, chez madame Ortolani, où, malgré le bon ton et les belles relations de celle-ci, on ne se piquait ni d’intolérance ni de roideur. C’était comme un terrain neutre où personne ne compromettait personne, et où l’aristocratie ne se scandalisait pas de voir de trop près des penseurs et des artistes sur le pied de l’égalité. Des mères y menaient leurs filles ; mais Constance, n’ayant pas de mère, eût semblé devoir y regarder de plus près. Elle répondit à ceux qui l’interrogèrent que M. Orto-