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repartirai le lendemain s’il le faut, à moins que vous ne consentiez à me suivre. »

Constance n’avait pas compris toute l’angoisse de cette prière. Elle ne pouvait exposer sa vieille tante souffrante à de longs et pénibles voyages. Cécile n’avait qu’elle au monde et ne supporterait pas son absence. Constance craignit donc de voir Abel beaucoup plus malheureux si, après l’avoir revue, il était forcé de la quitter encore. Elle l’exhorta au courage. Abel avait beaucoup d’orgueil, il ne voulut pas paraître faible. Il s’acharna à son œuvre, et succomba à ses passions.

Ces chutes furent rares, mais quelquefois plus sérieuses qu’elles ne l’eussent été dans la vie facile d’un homme de plaisir. Il lui était presque impossible de séparer les sens de l’esprit ou du cœur, quelque résolution qu’il prît à cet égard. Il avait l’instinct de l’attachement et du dévouement. Aussi ses faiblesses lui créèrent-elles de sérieux remords, et, quand il avait à rompre des liens qu’il regardait avec raison comme illégitimes, il faisait à son amour pour Constance et à son devoir envers lui-même un sacrifice dont la gravité était une véritable expiation de la faute commise.

La Mozzelli n’avait donc pas été abusée par son imagination, le jour où elle avait deviné en lui un homme très-différent de ceux que la mode et la vanité avaient jetés dans son chemin. Elle avait pressenti la solidité de son caractère et l’élévation de son