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— Vous savez que non ! Je vous ai aimée, et je vous aime encore, non plus avec passion, — la présence de Constance est mon égide désormais contre toutes les surprises de la vie, — mais avec reconnaissance et amitié véritable, à moins que vous ne me repoussiez le cœur en me montrant une face de votre caractère que je ne connaissais pas, le dépit et la vengeance !

— Allons, partez ! répondit la Mozzelli brisée. Profitez d’un moment où la force manque à mon désespoir. Si vous restez plus longtemps, Constance, qui vous sait sans doute arrivé, s’inquiétera…

— Constance no peut pas me savoir arrivé. Je ne me suis pas nommé aux gens de la maison qu’elle habite. J’ai su qu’elle était dans une autre maison de la ville. J’étais si pressé de la revoir, que je suis venu, dans la nuit, le chapeau sur les yeux, par les rues désertes : Constance ne m’attend donc pas, et je ne veux pas vous quitter sans vous avoir rendu le courage et la raison.

— Vous me craignez, vous dis-je, et voilà tout !

— Résolu à me confesser sincèrement, je ne peux pas vous craindre. J’aurais voulu, j’en conviens, épargner un moment de surprise et de chagrin à ma fiancée, et ne rien ôter à la joie de notre première entrevue. Mais vous me refusez cela, et je suis trop fier pour insister. Si je fais encore un effort pour vous adoucir, croyez-en la parole d’un homme droit et courageux, c’est pour vous encore plus que pour moi-même.