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sens m’a parlé des femmes en général et des femmes passionnées en particulier.

« Naturellement, nous ne lui jetions pas ma pauvre nièce à la tête, mais lady *** tâtait le terrain, comme on dit, et lui faisait, devant moi, des questions adroites, c’est-à-dire maladroites, sur son passé, sur son avenir, sur les projets qu’il pouvait avoir.

« — Le mariage, nous répondit-il, n’est pas et ne sera jamais chez moi à l’état de projets, comme on l’entend dans le monde. C’est un état sublime, c’est un idéal d’amour et de bonheur, ou c’est une affaire où il ne faut chercher ni bonheur ni amour. Or, me trouvant assez riche pour chercher le bonheur, je ne fais pas d’affaires de ce genre-là, pas plus que je me laisserai considérer comme un chiffre plus ou moins rond dans les projets d’autrui.

« Je fis signe à lady *** de ne pas aller plus loin. Notre homme était sur ses gardes ; mais, comme son indépendance d’idées m’intéressait, et qu’il avait une franchise vraiment originale, je causai longtemps avec lui, et nous nous sommes liés bien plus que je ne m’y serais attendue. Il y a des amitiés qui s’improvisent ; ce n’est pas le privilège exclusif des passions de naître à première vue. Tout en parlant raison, nous fîmes impression, lui et moi, l’un sur l’autre. Quelqu’un vint et m’entretint d’affaires d’argent. Le Melvil en question en parla aussi bien que de morale et de philosophie. Je dois vous confier que j’avais en Angleterre de gros intérêts en souffrance, et que, le voyant