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— Ma chère signora, répondit la duchesse avec hauteur, ne parlez pas de ma fille, je vous prie. Elle n’est pas ici, et je veux bien rire avec vous de vos aventures ; mais que son nom ne soit pas invoqué en pareille matière. Je veux bien aussi vous dire encore une fois que je n’ai pas de prétentions sur votre Melvil. J’ai rencontré un autre Melvil à Londres, en même temps que vous vous affoliez du vôtre, et si je leur donne le même nom, c’est pour m’éviter la peine d’en chercher un nouveau. Occupée de mon Melvil à moi, et dans un tout autre motif que l’amour, je n’ai en aucune façon rêvé de l’objet de vos rêves.

— Quelle énigme est-ce que vous me proposez là ? dit la Mozzelli inquiète ; je ne comprends pas. Vous me dites que vous aviez une liaison… agréable là-bas, pendant que j’en avais une sérieuse, et que cela doit me tranquilliser ?

— Je n’ai pas de liaisons du genre de celles que vous désignez par le mot délicat d’agréable, et je laisse aux ingénues comme vous celles qu’il vous plaît d’appeler sérieuses. Je vous raconte une histoire pour vous distraire de la fantaisie de m’étrangler, et, en même temps, pour vous faire savoir de quoi j’ai été occupée à Londres. J’ai là une nièce fort intéressante et assez pauvre, que mon amie lady *** s’était mis en tête de marier avec un jeune homme sans naissance, mais riche et fort bien élevé. C’est celui que j’appellerai aussi Melvil pour ne nommer personne, et pour vous dire comment un homme d’esprit et de grand bon