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n’y vais plus. J’y renonçai pour ne pas entraver sa liberté, mais j’y ai été quand même, non pour lui désobéir, mais pour l’apercevoir peut-être : c’était le seul endroit du monde où il avait paru vouloir se rendre ! S’il m’eût nommé la Chine, à tout hasard, j’aurais été en Chine.

— C’est donc ça que vous avez chanté à Édimbourg, dit la duchesse, et que vous ne m’avez pas fait l’honneur de me donner signe de vie ? J’étais pourtant fort près de là, dans une terre de mon amie lady***.

— Vous étiez là, dit la Mozzelli en pâlissant ; je ne l’ai pas su !

— Alors, je vous pardonne. Eh bien ? et votre délicieux Melvil, est-ce qu’il s’y trouvait réellement, à Edimbourg ?

— Oui, il s’y trouvait. Vous l’ignoriez ?

— Naturellement ! Alors, vous vous êtes adorés de plus belle ?

— Oui, mais sans nous le dire. La première fois que je l’aperçus au concert, dans la salle, j’étais ivre de joie. Ah ! comme je chantai bien ! Je ne chantais que pour lui. Il était bien ému, mais il ne s’approcha pas de moi, et, comme je compris qu’il avait des motifs pour cela dont je ne pouvais pas être juge, je fis semblant de ne pas le connaître. Mais je l’attendis, le soir, chez moi : j’étais sûre qu’il viendrait. Il ne vint pas, ni le lendemain non plus. Le surlendemain, je le rencontrai à la promenade. Il était seul et moi avec du monde. Il me regarda, mais sans me saluer, et je