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pagne et avait, à travers ses clôtures de feuillages, une échappée de vue sur la mer. La soirée était magnifique ; l’air suave et l’harmonie du flot tranquille disposaient aux voluptés de l’âme.

— Enfin, chère Constance, mon bon ange, dit la Mozzelli d’une voix douce comme la brise, je peux résumer trois mois de ma vie comme vous résumez toute la vôtre. J’aime ! j’aime un être pur, grand, sensible, passionné ! Voulez-vous que je vous le nomme ?

— Est-ce que je le connais ? dit Constance.

— Non ! je ne pense pas.

— Alors, ne me nommez personne. Une femme ne doit jamais peut-être nommer que son mari. Espérez-vous l’épouser ?

— Non, pas trop ! Il me paraît un peu ennemi des liens obligatoires. Il dit que les plus durables sont ceux que la volonté prolonge au jour le jour ; mais je crois bien qu’au fond il ne m’estime pas encore assez pour faire des projets. Je souffre de cela, mais je suis arrivée à vaincre mon impérieuse personnalité et à n’en plus faire souffrir celui que j’aime.

« C’est en Angleterre que je l’ai rencontré. Il devait y passer très-peu de temps, car sa vie est enchaînée par des obligations qu’il ne veut pas ou qu’il ne peut pas encore quitter ; mais l’amour fait des miracles, et il nous a donné, malgré tous les obstacles, huit jours de délices. Oh ! mon amie ! je l’avais aimé à première vue ! est-ce parce que j’avais l’âme bien disposée ? je le crois un peu. Il y avait de vous là