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rien survenu de fâcheux, il arrive. Il est à Paris. Dans quatre ou cinq jours il sera ici. Embrassez-moi, je suis bien heureuse, et parlez-moi de vous.

— Je suis heureuse ! moi aussi, s’écria la Mozzelli en l’embrassant. Pas autant que vous, mais c’est encore beaucoup pour moi ! Or, puisque la duchesse ne vient pas, commençons par dîner tranquillement. Regardons par la fenêtre ouverte ce beau ciel bleu, après lequel j’ai tant soupiré à Londres et à Paris. Respirons ce pays en fleurs, et n’ayons pas, plus qu’elles, le souci du lendemain.

Constance remarqua que la Mozzelli ne buvait plus de vins capiteux, qu’elle ne prenait plus de café, et que, par conséquent, elle ne cherchait plus à exciter ses nerfs.

— Oh ! je suis bien changée, dit la cantatrice ; j’ai mis tout mon être, âme et corps, au régime. Aussi je me porte mieux. J’ai l’humeur plus égale, et quand le spleen me prend, je commence à sentir que je peux réagir. Vous m’avez bénie, vous m’avez sauvée, Constance ! Oui, oui, je suis en train de renaître de mes cendres. Vous verrez ! On ne m’aime peut-être pas encore autant que je le voudrais ; mais on m’aimera, parce que j’arriverai à le mériter !

Le dîner étant fini, les deux amies, assises sous un berceau de roses grimpantes, au bord d’un petit bassin muet où se miraient les nuages roses du couchant, commencèrent à s’entretenir sans témoins. Le lieu n’avait rien de vaste, mais il touchait à la cam-