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même, je pourrais vous dire que j’ai subi votre influence, après m’en être défendue devant vous, et je vous raconterais bien des choses si je ne sentais pas ma fille autour de moi ; mais, avec elle, je ne me souviens plus que je suis femme, tant je me souviens d’être mère. Allez donc chez la Sofia. Je me charge de faire compagnie à mademoiselle Cécile qui serait de trop dans les confidences que l’on vous tient en réserve, et qui, d’ailleurs, ne se soucie pas de dîner dehors. Nous jouerons au grabuge en vous attendant. Vous avez assez souvent gardé ma fille, je peux bien vous garder un jour votre tante.

Le dîner était pour le soir même. Quand Sofia et Constance se trouvèrent ensemble : — La première chose que j’aurais dû vous demander, dit Sofia, c’est si vous attendez ici le retour de votre fiancé ; mais je n’ai pas osé. Ne me dites donc que ce que vous voudrez. Seulement ne croyez pas que je ne m’intéresse pas à vous beaucoup plus qu’à moi-même.

— Vous pouvez m’interroger, répondit Constance : je n’ai que du bonheur, pour mon compte, à vous annoncer. J’ai été fort inquiète d’Abel. Pendant deux mois, j’ai été sans nouvelles de lui. De la Russie, il devait venir par la Suède, où notre dernier souci d’affaires était à régler. Il paraît que les lettres qu’il m’écrivait se sont égarées. J’ai cru à une catastrophe en mer, à une maladie grave, à sa mort même, et j’ai passé de bien tristes jours. Mais j’ai reçu enfin des nouvelles excellentes. Il se porte bien, il ne lui est