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la recherche du vrai et du beau moral n’a pas été l’affaire principale de votre vie.

— C’est vrai ! Tout ce que vous me dites me paraît si nouveau que j’en ai le vertige.

— Et pourtant je ne vous ai dit que des lieux communs. J’aurais dû, avec une artiste telle que vous, trouver une forme sublime pour vous dépeindre les joies secrètes et profondes de l’amour. Il faut qu’elles soient bien grandes et vraiment divines, puisque, ne les connaissant pas toutes, et en dépit de l’absence, je me sens heureuse rien que de songer et de sentir que j’aime. C’est là, voyez-vous, quelque chose d’ineffable, d’avoir le cœur si plein qu’il ne s’y trouve jamais de place pour l’ennui, l’impatience ou le doute ! de croire à un autre que soi-même avec l’humilité d’un enfant, tout en se rendant compte d’une immense énergie pour se dévouer à lui ; de pouvoir tout rapporter à cette chère image, rêveries, progrès et victoires sur soi-même, de n’être jamais seule tant l’imagination prend de forces pour le faire apparaître et pour remplir l’air qu’on respire de l’illusion de sa présence ; de s’endormir et de s’éveiller avec la même pensée, sans regret, sans crainte, sans désir de changement ; de travailler sans cesse à s’améliorer soi-même, à s’éclairer, à se fortifier pour être digne du bonheur et pour être capable de le donner ; enfin, de se sentir vivre à deux, quand même les océans vous séparent, et de porter dans son âme, avec une douce fierté, le secret et la foi d’une âme d’élite : tout cela,