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— Oui, je crois cela !

— C’est que vous êtes une sainte, je le disais bien !

— Soit, reprit Constance en riant ; admettons que je sois une sainte. Qui vous empêche de l’être aussi ?

— Puis-je redevenir pure ?

— Les plus grands saints n’ont-ils pas été parfois les plus grands pécheurs ?

— Je ne me sens pas la force de faire pénitence !

— La pénitence est une belle chose dans le passé, mais elle change de nature avec les siècles. La société et l’esprit humain sont devenus si actifs et si compliqués que les Thébaïdes n’accueilleraient plus que des vertus stériles. Ce n’est pas le spectacle de la mort qu’il faut donner ; c’est l’exemple de la vie. Le plus grand mal du siècle est d’avoir tué l’amour, dites-vous ? Eh bien, cherchez à le ressusciter en vous d’abord, pour avoir le droit de le ranimer chez les autres. Ce n’est pas au désert que vous le trouveriez, et d’ailleurs, le désert, voyez-vous, il est là, au coin du feu, entre minuit et une heure du matin, si vous voulez ! Nous y voilà toutes les deux, puisque votre cœur est vide et que le mien est rempli de l’image d’un absent sans lequel tout est vide autour de moi. Avons-nous besoin de voir des rochers sur nos têtes et de sentir le vent dans nos cheveux, pour nous isoler du monde et nous recueillir ? Notre pensée n’est-elle pas remplie de cet idéal que vous regrettez et que j’espère ? Ce grand mot amour, qui résume tout, la foi en Dieu et la confiance en nous-mêmes, la