Page:Sand - Constance Verrier.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

jours su m’en garantir ; mais la tranquille galanterie… cela m’a toujours fait peur. Tuer l’amour dans un jour d’ivresse furieuse, c’est un grand crime ; mais le tuer de sang-froid, à coups d’épingles, avec préméditation… qu’est-ce que c’est donc, mademoiselle Verrier ?

— C’est, je crois, répondit Constance avec une fière rougeur au front, ce que l’on appelle la sensualité.

— Allons ! allons ! reprit la duchesse, ne voilez point vos faces augustes, prêtresses de l’idéal ! Je ne vous ai rien dit de moi, et peut-être mon apothéose de feu Cupidon n’était-elle ici qu’une fiction pour vous exciter à parler. Voyons, chère Constance, donnez-nous donc enfin une bonne définition de Sa Majesté l’Amour au xixe siècle !




IX


Constance se récusa encore.

— Si votre système n’était qu’une fiction, dit-elle à madame d’Évereux, il est fort inutile de le réfuter. Tout comme une autre, je sais rire d’une plaisanterie, et je ne veux pas faire ici la petite niaise de quinze ans. J’en ai vingt-cinq, et je sais fort bien que le monde est plein de femmes prudentes qui ont pour excuse à leur hypocrisie l’hypocrisie de leur temps. Je ne les brûle pas, mais je ne leur parle guère.

— Aimez-vous mieux, dit la duchesse piquée, celles qui jettent leur bonnet par-dessus les moulins ?