Page:Sand - Constance Verrier.djvu/11

Cette page n’a pas encore été corrigée

Homère, Dante, Shakspeare, Molière, Gœthe, etc., etc. Il y a tous les livres d’histoire naturelle, de médecine et de chirurgie ; il y a tous les journaux, et surtout ceux qui rendent compte des réquisitoires de cours d’assises ; il y a tout enfin, ou presque tout, car rien ou presque rien n’a été ou n’est écrit pour les jeunes âmes dont ie bonheur et la pureté consistent à ignorer à peu près tout.

Faudra-t-il, parce qu’un ignorant peut en abuser, prohiber tous les médicaments qui, pris à haute dose et sans discernement, peuvent donner la mort ? Jean-Jacques Rousseau, tourmenté de l’idée de ce danger, s’est empressé de marquer son livre d’une étiquette, comme une fiole de pharmacie, déclarant qu’il lui a donné à dessein un titre propre à faire reculer les jeunes imprudentes. Dieu nous garde de railler l’austère naïveté d’un si beau génie, mais il nous est impossible de ne pas songer, en ce moment, à Cassandre, écrivant en grosses lettres sur sa bouteille de vin fin : Poison mortel, pour la préserver de l’ivrognerie de Pierrot, qui ne sait pas lire. Nous nous abstiendrons donc de changer le titre insignifiant de Constance Verrier, et nous espérons qu’il y a peu de parents assez stupides et assez négligents pour confier un livre quelconque aux petites demoiselles, avant d’avoir constaté que ce livre est un traité d’éducation à leur portée.

Nous disons avec intention les petites demoiselles, car, protestant toujours contre la préface de notre