Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/88

Cette page n’a pas encore été corrigée

échappé sans qu’il en eût conscience, mais qui ne se déconcertait jamais devant ses propres entraînements, — je ne m’engage en rien en vous donnant le nom que vous avez l’habitude d’entendre. Je sais qu’il est de bon goût de donner encore le titre de sire aux majestés détrônées. Je suis un Anglais protestant ; mais, quand j’entre dans un temple catholique, je me découvre devant la Divinité qu’on y révère, certain qu’à travers tous les cultes, elle a droit aux mêmes hommages. Vous m’avez dit une parole amère tout à l’heure, vous avez supposé que mon admiration et ma sympathie pour vous étaient jouées ; j’en appelle à votre ami : croit-il cela possible ?

— Non, dit Frumence, qui plongeait, comme une épée, le regard de ses vastes yeux noirs dans le bleu clair et pur des yeux de Mac-Allan. Il y avait comme un défi de sincérité échangé entre ces deux physionomies si différentes, l’une si séduisante, l’autre si mâle. Il me sembla qu’elles se disaient l’une à l’autre : « Je vous briserai si vous me trompez ! »

Tout à coup, Mac-Allan, qui avait affronté la fierté de Frumence, se déconcerta devant la mienne ; car je ne me sentais pas touchée de ses éloges, et il n’y avait pas en moi la moindre ivresse de coquetterie. Il changea de couleur et se