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insister sur un moyen de salut que tu dédaignes, peut-être à tort, et je me retire pour t’épargner l’embarras de te prononcer sur les causes de ton refus.

Il me baisa la main, salua les autres avec une élégance aisée, et se retira avec M. de Malaval, qui crut devoir m’adresser quelques mots de blâme poli sous forme de regret. Selon lui, dès ce moment, et grâce à sa brillante imagination, la chose fut commentée et racontée ainsi : Marius, devant le conseil de famille assemblé, m’avait demandé ma main dans les termes les plus explicites et avec l’insistance la plus ardente. Lui-même m’avait vivement pressée, ainsi que M. Barthez et même M. Mac-Allan, de couronner l’amour le plus chevaleresque et la flamme la plus pure. J’avais écouté les mauvais conseils de l’abbé Costel et de Frumence. Je ne sais quel rôle Jennie avait joué dans ce drame de famille, mais la rupture venait bien de mon fait ; c’était un coup de tête, un caprice d’enfant gâté, et, si je perdais ma cause, je ne devais m’en prendre qu’à moi seule. Telle fut par la suite la version de M. de Malaval avec des variantes, mais toujours la même au fond.