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comment il a connu Anseaume, mais on pense que votre nourrice s’est prêtée à l’enlèvement et qu’il y avait bien du remords dans sa folie. Anseaume a reçu de l’argent pour cela. Mac-Allan en a trouvé les preuves dans les papiers secrets de la famille. Il y a une lettre où ce malheureux en demande davantage pour passer en Amérique, disant que sa femme élève l’enfant, qu’elle ne saura jamais rien et qu’il a bien rempli sa mission. Voilà cette ténébreuse affaire ; mais nous ne pouvons nous servir des pièces, car le marquis y a joint la confession arrachée à votre mère : voilà pourquoi il n’a jamais voulu vous reconnaître ni revenir en France. Restez donc sous le coup du jugement qui vous prive d’état civil, mais acceptez de reprendre votre nom, puisque, pour son honneur, Édouard de Valangis, qui ne sait pas la vérité, vous supplie de le faire.

— Ah ! Jennie, voilà une triste histoire ! Pourquoi me l’as-tu racontée ?

— Pour que vous sachiez bien que, si Mac-Allan a été autrefois l’amant de lady Woodcliffe, cela ne vous regarde pas.

— Que m’importe le frivole Mac-Allan au milieu de pensées si graves et si noires ? C’est en apprenant ma disparition que ma pauvre mère est morte, n’est-ce pas ?