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que je me remis à travailler avec plaisir. Il m’était agréable de me savoir, sinon oubliée déjà du monde entier, du moins à l’abri de tout contrôle et de toute atteinte. Si mon histoire avait fait quelque bruit par son étrangeté, je n’en savais rien, et je pouvais supposer qu’en dehors de l’officine Capeforte personne ne s’occupait de moi. Comme John recevait toutes mes lettres sous son couvert, je lui montrai l’écriture de Galathée et le priai de jeter au feu, sans les ouvrir, les missives du moulin. Il ne m’objecta rien, selon sa coutume ; mais il les mit de côté pour me les rendre cachetées, s’il me prenait fantaisie de les lire. Sans doute la police sarde sut qui nous étions ; mais John la satisfit sur notre compte sans que les investigations arrivassent jusqu’à nous.

Cette vie cachée, studieuse, pleine de loisirs bien employés et entremêlée d’excursions attrayantes, me fit du bien. J’oubliai Frumence en ce sens qu’il cessa d’être une sorte de rêve maladif et de remords imaginaire. Toutes mes pensées se reportèrent doucement vers Mac-Allan, quand Jennie eut pris le sage parti de ne me jamais parler de lui, et quand rien autour de moi ne m’apparut comme une obligation de me prononcer pour ou contre lui. Ce qui m’aidait à songer à lui avec calme, c’est qu’il était d’une réserve exquise dans ses