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m’avait promis de prendre soin en mon absence. En mon absence ! Il était bien convenu entre lui et moi que je reverrais mon pays et mes amis le plus tôt possible ; mais, comme tout ce qui m’avait constitué un milieu et une patrie devait passer entre les mains de l’ennemi, je ne tenais déjà plus tant à me rapprocher de Bellombre. Je souhaitais oublier Frumence, et déjà je souhaitais oublier tout ce qui eût pu me le rappeler. Puisque décidément l’image de Mac-Allan n’avait encore pu effacer la sienne, j’avais soif de m’éloigner, et, pour cela, je ne songeais qu’à me procurer des moyens d’existence. Je répondis à Mac-Allan pour lui rappeler sa promesse. S’il me trouvait de l’ouvrage, j’attendrais avec patience le moment de me débarrasser de mon traité et de reparaître en Provence ; mais je n’avais pas l’intention d’y rester, et je souhaitais me fixer partout ailleurs, à Paris peut-être pour un temps. Quelle personne jeune et un peu artiste n’a souhaité de voir Paris, ne fût-ce qu’une fois en sa vie ?

Ce commencement d’incertitude et de curiosité, que je ne dissimulai point à Mac-Allan, lui parut de bon augure. Il m’approuva et me promit de nouveau ce travail quelconque auquel j’aspirais comme à la sauvegarde de mon indépendance et de ma dignité ; mais il fallait s’entendre avec des